mardi 15 novembre 2011

Changement de décor en Ouzbekistan







Nous quittons le Kirghistan, en traversant rapidement une partie infime du vaste territoire kazakh. L'objectif est de rejoindre Tachkent (Ouzbekistan) pour y demander nos futurs visas (turkmène et iranien). La capitale à l’urbanisme moderne possède peu d'attraits à mes yeux.
Les villes de Samarkande, Boukhara et Khiva recèle en revanche de véritables joyaux d'architecture. Minarets, mosquées, mausolées, madrasas, mosaiques, caravansérails font de ces cités des centres historiques de tout premier plan.

Etapes clés sur la route de la soie, elles étaient au centre des échanges commerciaux qui s'établirent entre l'Orient et l'Occident. Sur cette route transitèrent pendant des siècles, à travers montagnes redoutables et déserts immenses, marchandises (la plus précieuse était la soie, dont seuls les Chinois connaissaient le secret de fabrication), idées, croyances, missions...

Constituée d'un réseau de routes commerciales entre l'Asie et l'Europe allant de Chang'an (actuelle Xi'an, en Chine) à Byzance (actuelle Istanbul), la route de la Soie fut, pendant plus d’un millénaire, la grande voie de communication à travers toute l’Eurasie et doit son nom à la plus précieuse marchandise qui y transitait : la soie.



Aujourd'hui, le coton supplante la soie. Cette monoculture, imposée dans les années 60 par les soviètiques,a contribué à ce que certains considèrent comme la plus grande catastrophe écologique : l'assèchement de la mer d'Aral.








Sa culture sur des surfaces irriguées était traditionnelle dans la vallée de la Ferghana, mais en 1959 les planificateurs soviétiques ont mis en place un plan de conquête des terres vierges, doublant presque en vingt ans la superficie irriguée. Les canaux prélèvent 60 % du débit des deux fleuves (Amou daria et Syr daria) : l’apport d’eau à la mer d’Aral s’est réduit de 55 millions de m3 par an en 1960 à 7 millions.





Samarkande prospéra au carrefour des grandes routes commerciales venant de Chine, de Sibérie, de Perse et d’Occident, jusqu’au déferlement des hordes mongoles de Gengis Khan, qui détruisirent la cité avant de la reconstruire sur les cendres de ses faubourgs. L’heure de gloire de Samarcande vint deux siècles plus tard, lorsque Tamerlan en fit la capitale de son empire.
Redoutable chef de guerre, il bâtit un immense empire reposant sur la force et la terreur. Si ses destructions et massacres ont été spectaculaires dans ses conquêtes, il se montra aussi protecteur des arts et des lettres qui firent la grandeur de sa capitale, Samarcande.









On pousse jusqu'à Boukhara vers d'autres horizons toujours plus verticaux. A la différence de Samarkande qui manque cruellement d'authenticité, cet autre joyau urbain ouzbek est un peu plus vivant.



Le tourisme dans ce pays se concentre sur ces trois villes principales. Tout est organisé en conséquence, on peut y déplorer le manque de vie locale. Nous nous demandions parfois où étaient passés les Ouzbeks. Par chance, nous y étions en plein été où les températures flirtent avec les 40° C. Les touristes sont moins nombreux en cette saison ; mais autant dire qu'à vélo, nous avons englouti quelques litres d'eau. Les pauses de midi s'imposaient d'elles-mêmes. Heureusement, j'aime la chaleur.
Les campagnes ne sont pas particulièrement avenantes : le pays est majoritairement plat, ce qui n'était pas pour nous déplaire après les sommets kirghizes.

Ville oasis au milieu du désert de Kyzyl Kum, Boukhara se situe à mi-chemin entre La petite Khiva, ville-musée et la monumentale Samarcande, qui manque de ruelles animées.
Au carrefour de plusieurs routes marchandes, elle a connu son premier âge d’or culturel sous le règne des Samanides (874-999), une dynastie iranienne, elle est prise et ravagée par Gengis Khân et les Mongols en 1220. C’est avec les Ouzbeks Sheybanides (1500-1598) que la ville, devenue capitale, connaît son second âge d’or : la plupart des monuments actuellement visibles datent de leur domination et de celle de leur successeur, les Jânides (1599-1747).






















Je retrouve aussi le couple de Français avec qui j'ai roulé pendant une quinzaine de jours entre la Chine et le Kirghistan. Des purs et durs qui viennent de passer un mois au Tadjikistan, la mecque des cyclos.





La dernière étape (en bus) nous amène à Khiva , petite ville-musée, (patrimoine mondiale de l'Unesco)nichée sur une oasis, au milieu du désert de Khorezm, qui a toujours été au centre des vagues de conquêtes venues de tous horizons : perses, arabes, mongols, ouzbeks, russes... La ville a connu son heure de gloire entre le XVIe et le XIXe siècle, époque à laquelle elle était la capitale du khanat de Khiva, l’une des trois puissances d’Asie Centrale, rivale de Boukhara. Important centre religieux de l’Islam, c'est aussi une ville-étape sur la route de la soie.




















Depuis longtemps, nous n'avions pas parcouru de marché animé. Notre régime alimentaire manquait de diversité : tomates, concombres, concombres,tomates,tomates, concombres,concombres,tomates, tomates, concombres,tomates, concombres... vous en avez vite fait le tour. Et pastèques ou melons, en dessert (dans l'ordre que vous voulez).











lundi 14 novembre 2011

Vie pas facile dans les pays en "stan"

Et trois mois plus tard...

Je vous avais prévenus qu'il y aurait une suite un jour. La voilà quelque trois mois plus tard, alors que je profite (sans mon vélo) de la vie stambouliote, dernière étape de mon voyage avant Venise, et un retour au bercail prévu pour la mi-décembre.

J'ai donc poursuivi la traversée de l'Asie centrale (Kirghistan, 5 jours au Kazakhstan, Ouzbékistan, Turkmenistan) en compagnie de Marie et Guillaume rencontrés précedemment à Kashgar (Chine). Nous avons dû passer pas mal de temps dans les capitales de Bichkek puis Tachkent, dans l'attente de nos visas, une question qui a mobilisé pas mal de notre énergie. Nous avons la chance de tous les obtenir, même s'il nous a fallu parfois attendre longtemps.
Rétrospectivement, je suis très contente de ne pas avoir traversé ces contrées seule. Non pas qu'il y ait un problème de sécurité, mais les problèmes logistiques (comme se nourrir, tout simplement) sont plus complexes, sans compter les conditions géographiques et météorologiques. A chaque pays, un degré de difficulté différent se présente, et j'ai apprécié de ne pas les affronter seule.

Kirghistan

Nous sommes donc remontés vers le lac Issyk Kul, fleuron touristique du Kirghistan dont s'enorgueillissent les Kirghizes.







Cavaliers émerites, j'ai tenté de suivre leur trace, en randonnant trois jours à cheval. En fait de chevaux, nos montures rappelaient (pour certaines d'entre elles) davantage des carnes. Le surnom de celle que je montais le premier jour s'est vite imposé : chachlik, autre gloire nationale. Spécialité culinaire incontournable à base de viande grillée et marinée que l'on retrouvera dans tous les pays d'Asie centrale ainsi qu'en Iran et en Turquie (kebabs). A déguster avec le pain que l'on trouve dans tous les bazars.





Le lac Issyk Kul c'est un peu la cote d'Azur, avec moins de monde dans sa partie sud. D'ailleurs, on s'y sent un peu en vacances. On y rejoint un couple d'Autrichiens qui voyage avec un camion équipé.








Quelques jours plus tard, nous partons pour une chevauchée fantastique dans les montagnes autour de Karakol (entourée des cimes du Tian Shan). En fait le pays est une alternance de lacs et de montagnes qui réserve de fabuleux paysages.





Je terminerai ma journée de cheval à pied, et je choisis, le deuxième jour, de randonner jusqu'à un lac d'altitude : je préfère faire confiance à mes jambes, qui me feront souffrir comme jamais le jour suivant. 1 000 mètres de dénivelé à pied, je ne suis plus habituée ! J'ai le regret de vous informer que je ne dispose pas de photo de moi à cheval ; un regret, car vous auriez pu juger de ma fière allure ! Peut-être un jour...







On reprend enfin nos vélos (je préfère) vers d'autres lacs et d'autres cols. Avec un autre compagnon pour un temps.
















On trouvera refuge à proximité d'une yourte, alors que le ciel se montre menaçant.

Et le lendemain matin










Invitation eau voyage

Depuis que l'idée a germé, un temps certain s'est écoulé. Eh oui, déjà deux ans que le projet de départ ne me quitte pas. Enfin presque. Certes, il a pris le temps de revêtir toutes les formes possibles et imaginables. Pourtant, quand il a émergé de mon esprit embrouillé, je me suis imaginé que c'était l'idée du siècle. Que personne auparavant n'avait pu concevoir quelque chose d'approchant. Modeste que je suis…
Dès que je me suis penché sur la question pour préciser l'étincelle de départ, je me suis rendu compte qu'à peu près tout avait déjà été envisagé et accompli, le plus souvent, superbement. Alors, retour au point zéro? Point du tout.
L'objectif n'est pas de concevoir l'exploit, mais de mettre en place un voyage sur le long cours qui remplissait plusieurs fonctions. Dans ce tohu-bohu d'envies multiples, l'idée prévalait d'en restituer du contenu. Voyageant seule, ma façon de partager est d'associer les autres.
L'envie n'est pas seulement de voyager. Même si le voyage m'attire irrésistiblement, je désire le vivre différemment, et donc le construire aussi autrement. C'est ce que je m'efforce de réaliser depuis… quelque temps.