jeudi 17 février 2011

Des clés pour le Cambodge










Je n'ai jusqu'alors pas donné beaucoup d'éléments d'explication sur ce que je voyais au Cambodge.

Pour venir à Siem Reap, j'ai pris le bateau sur le Tonlé Sap "lac d'eau douce", lac majeur du Cambodge, qui mérite quelques précisions.





C'est le plus grand lac permanent d'eau douce d'Asie du sud-est. La surface du lac quadruple entre la saison sêche et la mousson (passe de 2 700 km2 à 12 000 km2). Il abrite les eaux douces les plus poissonneuses au monde. Sa valeur symbolique s'avère tout aussi essentielle pour les Khmers.

Le fleuve Tonlé Sap rejoint le Mékong, à Phnom Penh, au carrefour appelé "les quatre bras". Le courant du Tonlé a la particularité d'inverser son courant sud-nord. En juin, au début de la saison humide, le Mékong déverse son trop plein dans le Tonlé, ce qui provoque une montée des eaux sur le lac Tonlé. En novembre, quand les pluies baissent, le courant s'inverse à nouveau, et le lac se vide.
Ce phénomène unique est à l'origine d'une faune et d'une flore riches. La pêche et l'agriculture y sont largement privilégiées.

















Les maisons sur pilotis permettent d'assurer la transition entre saison sêche et humide. Les habitants migrent en fonction du niveau d'eau ; pendant la saison des pluies, ils vivent sur leurs maisons sur pilotis. Quand l'eau se retire, ils intègrent l'étage inférieur. En dernier lieu, quand le lac s'assêche davantage, ils construisent des huttes légères pour se rapprocher de l'eau.
Les villages changent donc de physionomie au fur et à mesure de l'année.









Le Tonlé revêt une importance autant humaine que culturelle. Des festivals rythment les périodes d'inversion du courant.




Le Mékong joue un rôle central, il traverse le pays sur 480 km et permet de développer l'irrigation sur des sols pauvres, et la pêche (activité numéro un).

Fascinant Angkor, centre de l'Empire khmer qui brilla en Indochine du IX au XIIIe siècle.

Le coeur du pays abrite de vastes plaines. Mais le Cambodge doit surtout sa richesse à un ensemble de rivières et de lac. Les ressources en eau constituent les atouts principaux du pays.

D'ailleurs, le pouvoir d'Angkor reposait sur sa gestion de l'eau. Les Khmers ont su tirer profit des partcicularités naturelles de la plaine d'Ankor. Ils ont ainsi mis en place un réseau hydraulique liant bassins, canaux et rizières. Pour remédier au stockage de l'eau, des "barays" (vastes réservoirs artificiels destinés à accueillir les pluies de la mousson et l'eau des rivières détournées) ont été édifiés.










Ce système a permis d'assurer la subsistance d'environ un million de personnes. Cette richesse a financé la construction d'un ensemble architectural impressionnant (le site d'Angkor), constitué de temples, bassins, palais...














A son apogée, l'empire khmer s'étendait aussi sur une partie de la Thaïlande, du Vietnam et du Laos.
Nombre de ces temples sont menacés par la forêt. La végétation reprend possession d'espaces autrefois habités en s'insinuant entre les pierres dans des enchevêtrements incroyables de branches et de lianes. Cette couverture végétale délirante ajoute à la beauté des lieux et lui confère un aspect magique.










Revers de la médaille

Ce site exceptionnel attire inévitablement des flots de touristes, qui, aux heures de pointe (lever et coucher de soleil) partent frénétiquement à l'assaut du cliché unique. Certains sites deviennent inaccessibles à ces heures-là. Heureusement, il y a suffisamment de temples pour en trouver certains déserts.

Certaines rues de Siem Reap font penser à un ghetto touristique. Les relations avec la population locale, y compris dans les alentours de Siem Reap reposent prioritairement sur le commerce. C'est le seul endroit du Cambodge où, souvent, après t'avoir dit bonjour, les gamins te demandent "one dollar"...

A côté de la prospérité de Siem Reap, certains villages autour du Tonlé Sap demeurent très pauvres. Le contraste est d'autant plus saisissant.



De nombreux Cambodgiens arpentent les allées du site d'Angkor pour ramasser les feuilles tombées des arbres. Ca en fait du boulot étant donné le nombre de kilomètres carrés du site, et vous imaginez comme c'est génial de respirer de la poussière à longueur de journées ! Alors que la gestion des déchets est tellement défectueuse dans certains quartiers plus éloignés.



En revanche, de nombreux points d'eau sont mis en place dans les villages par des donateurs privés, des associations ou des ONG...
Ce qui ne laisse pas à beaucoup de place à l'intimité. Contrairement à chez nous, les personnes ne sont dans leur maison - souvent réduite à une ou deux pièces - que pour dormir.





3 commentaires:

  1. Texte particuliérement intéressant. Tes photos sont de plus en plus belles et elles démontrent tout l'attrait que ce pays exerce sur toi.
    Monique et Alain

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  2. Salut Delphine,
    Elles sont magnifiques tes photos : les visages, les paysages, les monuments, le Cambodge fait vraiment envie.
    Prépare toi à organiser une belle expo à ton retour !
    Tu as l'air heureuse et ça donne la pêche, continue comme ça.
    Bon voyage (oui je sais c'est pas très original...).
    Bisous
    Annabelle

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  3. mouais, les photos sont belles, mouais le texte est intéressant, mouais ça a l'air bien… En même temps, une bonne promo chez Monoprix, un aller-retour sur la ligne 1 et un bon confit de canard, c'est pas mal… GRRRR nous on caille et on dépérit dans la grisaille parisienne, toutes ces couleurs nous brulent les yeux!

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Invitation eau voyage

Depuis que l'idée a germé, un temps certain s'est écoulé. Eh oui, déjà deux ans que le projet de départ ne me quitte pas. Enfin presque. Certes, il a pris le temps de revêtir toutes les formes possibles et imaginables. Pourtant, quand il a émergé de mon esprit embrouillé, je me suis imaginé que c'était l'idée du siècle. Que personne auparavant n'avait pu concevoir quelque chose d'approchant. Modeste que je suis…
Dès que je me suis penché sur la question pour préciser l'étincelle de départ, je me suis rendu compte qu'à peu près tout avait déjà été envisagé et accompli, le plus souvent, superbement. Alors, retour au point zéro? Point du tout.
L'objectif n'est pas de concevoir l'exploit, mais de mettre en place un voyage sur le long cours qui remplissait plusieurs fonctions. Dans ce tohu-bohu d'envies multiples, l'idée prévalait d'en restituer du contenu. Voyageant seule, ma façon de partager est d'associer les autres.
L'envie n'est pas seulement de voyager. Même si le voyage m'attire irrésistiblement, je désire le vivre différemment, et donc le construire aussi autrement. C'est ce que je m'efforce de réaliser depuis… quelque temps.