vendredi 26 novembre 2010

On the road again

Route de Luang Prabang vers la frontière vietnamienne

C'est pas le tout, mais quand je ne fais pas de vélo, je m'active sur le blog. N'ayant pas souvent internet en ce moment, j'en profite pour écrire deux articles en une journée.

Ce serait mieux si je pouvais à l'aide d'une carte vous montrer le parcours. J'ai du mal avec Goggle Map, et surtout je n'ai pas trop de temps.
En gros Luang Prabang est au nord du Laos, et je me dirige encore plus au nord, vers l'est. Je vais franchir la frontière vietnamienne dans quelques jours (1er décembre) pour aller au Vietnam, où j'y retrouverai un ami. J'y passerai le mois, et je reviendrai ultérieurement au Laos, car je n'ai pas eu le temps de visiter le sud. De toute façon, le visa n'est valable que pour un mois.

J'ai repris la route avec beaucoup de plaisir. C'est génial à vélo, bien que ce soit souvent difficile. Comme je l'ai signalé le Laos est composé de montagnes et de hauts plateaux. En bref, ça grimpe, mais c'est superbe : les paysages sont à couper le souffle (tout comme les montées d'ailleurs).

Je me contente de vous livrer en vrac quelques photos sans commentaires, ou presque






Avec plein de rencontres







Certaines plus inattendues que d'autres.





Sans oublier les pauses pour déjeuner. Les femmes étaient en train d'ébouillanter le canard avant de le déplumer.



L'activité dans les champs est très riche et mériterait un chapitre à part entière. Un jour peut-être...





Je trouve le plus souvent refuge dans des endroits sympathiques.




Ici, j'ai sympathisé avec ce couple charmant. C'est devenu ma cantine. Je mangeais chez eux, matin, midi et soir et leur ai ramené des clients. La table se trouvait quasiment dans la pièce où ils dormaient.





Dès lors que je me balade à vélo, les enfants viennent souvent à ma rencontre. Et alors ma sonnette jaune sur mon vélo les enchante. C'est vrai aussi pour les adultes.



C'était à la sortie de l'école



Pour ceux qui ne vont pas encore à l'école, leur premier apprentissage est le maniement du couteau (ou de la machette). Scène courante qui n'affole personne. Je m'y suis aussi habituée, et il semble plus habile que moi dans ce domaine. Le second (apprentissage) est de monter sur un scooter.



Les Laotiens (c'est vrai aussi pour la Thaïlande) adorent les enfants. Les hommes s'en occupent vraiment beaucoup. Etant donné que les femmes ont l'air de faire tout le boulot, elles ont peut-être moins de temps pour s'en occuper.



Et voici les centres commerciaux locaux














Mon dernier parcours qui m'a fait quelque peu souffrir : 88 kilomètres de montagne (dont une cinquantaine de montée) sur une route très dégradée. Mais les paysages en valaient la chandelle. Les habitants des villages traversés se prennent, eux, la poussière à longueur d'année.

Images du jour pour Juliette, Marila et Alice

Pour certaines, la date est dépassée (pas forcément de beaucoup), pour d'autre, elle est à venir. Dans tous les cas, je vous souhaite un excellent anniversaire. Spécialement pour vous une photo inédite.







Voilà dans des registres bien différents, les photos que je vous dédicace tout spécialement. A vous de choisir celle qui vous convient. Faites-moi part de votre choix

Précision que j'aurais dû apporter sur l'épisode trek : de nombreuses photos ont été prêtées par Alain Lecourt. Rendons à César...
Pour le remercier de son aimable contribution. En espérant qu'il ne m'attaque pas pour avoir utilisé son image.


En exclusivité d'un village traversé. Photo réalisée sans trucage. Lui, au moins, a eu le courage. Précision, il ne s'agissait pas d'une exhibition, tous les villageois se lavaient là ou à la rivière.

Et sans transition.

Je n'ai pas présenté Luang Prabang - où je suis restée une semaine - qui est très agréable. A tel point d'ailleurs que je commençais à y avoir mes habitudes. Voici la gargote où je prenais souvent mon petit-déjeûner. Un lieu convivial où j'ai rencontré beaucoup de Laotiens d'un certain âge qui parlaient bien (voire parfaitement le français).



On y buvait d'ailleurs un excellent café lao. Bien que la période de colonisation n'ait pas été très longue (fin 19e jusqu'en 1954), il reste de nombreux signes de la présence française, comme le café (en outre, le Laos en produit dans le sud), la baguette ou encore les bornes kilométriques, la Poste. Beaucoup de panneaux sont écrits en français.



Ancienne capitale du Laos, elle regorge de temples et de palais, notamment le palais royal. Pour l'instant, son développement est protégé par son statut de patrimoine mondial de l'Unesco (depuis 1995).











Le danger est d'en faire une ville-musée. La circulation y est encore limitée. De nombreux touristes la parcourent en vélo, car elle est peu étendue. Il est question d'étendre la ville hors du périmètre urbain pour pouvoir accueillir davantage de monde...

En cinq ans, la ville n'a cessé de croître, et les infrastructures s'y développent rapidement. Un guide me précisait qu'il y avait environ 200 guest-houses dans la ville (pour tous les budgets, certaines sont très luxueuses). De taille moyenne, la ville se présente comme une île entourée de deux rivières : la Nam Kong (le Mékong) et la Nam Kahn, ce qui lui confère une certaine douceur de vivre. Restaurants et hôtels se trouvent sur l'une ou l'autre des rives. Des espaces sont consacrés à cultiver des petits jardins.





En compagnie de Monique et Alain (cyclistes avertis, surpris par les performances limitées de leurs montures du jour), nous avons visité les environs à vélo.



Sans mes sacoches, on a du mal à me suivre. Le photographe s'est presque laissé surprendre !



En dépit de la circulation, nous sommes parvenus à déjouer tous les pièges.



Ceratins villages où se pratiquent l'artisanat se trouvent à proximité. Les produits sont ensuite vendus sur Luang Prabang où un immense marché déroule ses tapis tous les soirs pour les nombreux touristes. Que de Français au Laos, C'est du jamais-vu pour moi, en Asie. Il semblerait que ce soit devenu LA destination à la mode. Tant mieux pour le Laos qui bénéficie de ses retombées économiques. Le pays n'a que peu de ressources. L'essentiel de ses produits sont importés de Thaïlande, de Chine ou du Vietnam.

Fabrication du papier à partir de l'écorce d'un arbre dont on fait de la pulpe.




Voici, au final, le papier sur lequel je vous ai envoyé une carte (Marila et Juliette).



La préparation du métier à tisser est longue. On comprend pourquoi, avec tous ces fils qui se baladent partout.



La qualité des produits est variable d'un endroit à l'autre. Cette jeune fille créait des modèles en soie de toute beauté. Le dessin compliquait beaucoup son ouvrage. Je n'ai pas réussi à comprendre comment tisser.



Bien entendu le tableau serait incomplet s'il n'y avait l'incontournable...

mardi 16 novembre 2010

Delphine, le retour. Takaya au repos et non pas aux oubliettes

Silence radio depuis un certain temps

Pour vous, il y a eu les vacances de la Toussaint. Pour moi, il y a eu les vacances au Laos : je suis allée me rafraichir à la montagne, dans le nord du pays. Depuis que la mousson a cessé, il fait de plus en plus chaud bien que ce soit l'hiver ici. Certes, le soir, tu sors ta petite laine. L'après-midi, la température approche plutôt les 35 °C.

Après avoir franchi la frontière du Laos, je suis descendue sur Luang Prabang en bateau (où j'ai d'ailleurs rencontré mes premiers cyclos : des Suisses qui revenaient de Chine) pour retrouver des amis, Alain et Monique.


Regardez bien, c'est lui sur le toit.

Le Mékong est l'axe principal du Laos (il s'étale sur 1 500 km et possède 15 affluents majeurs), c'est pourquoi vous le trouverez sur le blog photographié sous toutes ses coutures : d'en haut, d'en bas, au coucher de soleil, au lever de soleil... Vous allez en faire une indigestion du Mékong.










Accompagnée de Monique et Alain, j'ai donc abandonné Takaya à Luang Prabang dans une guest-house pour partir dans le nord du Laos (à proximité de la frontière chinoise), dans le district de Phongsali. Nous y avons fait une randonnée de cinq jours (assez difficile à organiser car le Laos développe principalement des circuits de 2 ou 3 jours). J'étudie la topographie des lieux avant d'enfourcher ma bicyclette. Et ce que je vois me fait redouter le pire.
En bus, il nous a fallu 2 jours (6 heures + 9 heures) pour arriver à Phongsali.

Pas toujours facile d'y trouver sa place





Mais, au final, le spectacle est toujours assuré.












Les montagnes et les hauts plateaux occupent environ 70 % du Laos. Les voies de communication ne sont pas très nombreuses, ce qui m'évitera de me tromper de route. Les moyens de transport sont lents (beaucoup de routes sont en cours de construction) et les infrastructures rudimentaires. L'option (assez fréquente, surtout en montagne), c'est la piste. Je n'ai pas encore testé à vélo, mais ça promet.
Ancien royaume du "million d'éléphants" (je n'en ai aperçu qu'un, et de loin, jusqu'à présent), le Laos est un pays peu peuplé (6 millions d'habitants). Bien qu'il fasse partie des Etats les plus pauvres de la planète, on n'y voit pas de véritable misère. Malgré tout,après la Thaïlande, la différence de niveau de vie est flagrante. Les paysans, majoritaires à 70 %, subviennent à leurs propres besoins.
La vie y est rude, ce dont nous avons pu nous rendre compte lors de notre randonnée. Nous avons traversé des villages éloignés de tout (accès à l'eau difficile, souvent pas d'électricité, absence de dispensaire).
Les femmes participent aux travaux agricoles (elles vont chercher de quoi manger) : elles quittent le village tôt le matin pour ne revenir qu'à la fin de la journée et préparer le repas du soir. Les hommes sont plus présents dans les villages et s'occupent beaucoup des enfants. Ils sont aussi sollicités pour les travaux de coupe d'arbres dans la forêt.






Les enfants sont souvent en charge des corvées d'eau






Les animaux sont très présents dans les villages, notamment les cochons qui nettoient les lieux en mangeant tout ce qui se présente à eux. J'ai oublié de préciser qu'il n'y avait pas de toilettes dans les villages ! Pas gênant le soir venu, mais c'est plus compliqué le matin de trouver un endroit paisible pour aller aux toilettes ; la forêt n'est pas forcément toute proche. Voilà le genre de problème essentiel auquel je suis confrontée au quotidien ! Les poules, les chiens et beaucoup de poussière complètent le tableau.




Fait surprenant : les villages possèdent tous une école primaire. Les choses se compliquent pour après : les enfants doivent aller plus loin. L'accueil des enfants est souvent chaleureux : ils ont envie de se voir en photo. Nous sommes allés rendre visite à une école. L'autorité du maître semble incontestée : les enfants ne bronchent pas.





Nombre de villages (construits en hauteur) que nous avons traversés sont habités par les Akhas (minorité ethnique importante dans cette région). La diversité ethnique règne au Laos : le pays comporte quelque 68 groupes ethniques qui se distinguent par l'altitude à laquelle ils se sont implantés.









Le trek, en résumé
Au programme : montagne, jungle, village akha et rivières (25 en une journée + 15 le lendemain), bananeraies (propriétés des Chinois). Mieux vaut oublier les chaussures de marche et adopter la tong.









Mais aussi les marchés où décidément on trouve de tout. Je suis tombée face à face avec une femme qui avait un rat à la main qu'elle s'apprêtait à "dépoiler" (pourquoi pas, il y en a tellement ici, autant qu'ils servent à quelque chose)...








Et voici d'autres animaux non identifiés.



Vous reconnaîtrez sans problème un écureuil, que nous avons mangé le soir même. Je ne me suis pas précipitée sur le plat servi en commun. Il n'y a pas grand-chose à manger, et la viande est élastique.



Les chauves-souris se mangent aussi. J'ai pu retrouver tout ce beau monde sur les étals des marchés, parfois dans mon assiette. Finalement, c'est pas mal d'être végétarien. Le guide nous disait que l'on mangeait aussi des chiens, comme au Vietnam. La nourriture est moins abondante qu'en Thaïlande : l'essentiel est de se nourrir. Riz gluant ou noir (chez les akhas), poissons, épinards (en fait des algues récupérées dans les rivières), cacahuètes constituent la base des repas. Les petits-déjeuners sont des repas comme les autres, peut-être même plus copieux.



J'allais oublier leur boisson : le lao lao (alcool de riz proche de l'eau de vie) est servi dès le petit-déj' (et toujours par deux). Comment commencer une journée de marche dans la bonne humeur ! C'est, bien entendu, mal vu de refuser. Les hommes en boivent beaucoup , le chef du village l'appréciait tout particulièrement.
La vie autour de la rivière permet aux femmes de préparer à manger, de nettoyer leur linge, de se laver, d'y préparer les animaux tués, comme cette poule...







Un astucieux système d'hydrolienne sur les rivières permet d'avoir l'électricité dans ces lieux isolés.



Sans oublier de temps en temps, un temple par çi par là, un coucher de soleil, ou mieux encore les deux associés!





Voici en très raccourci les 15 jours passés sans mon vélo : il est frustrant de n'en donner qu'un aperçu aussi rapide et peu documenté. Je me suis régalée au niveau de la marche, pas toujours facile. Notre guide était fatigué au terme de ces cinq jours.
Les conditions de vie des villageois sont difficiles et rudimentaires, notamment à cause du manque d'eau : le point d'eau se trouve souvent autour du village et non à l'intérieur de celui-ci. Dès lors que des robinets sont installés dans les villages mêmes, la vie est quelque peu facilitée.
Nos critères en matière d'hygiène ont parfois été mis à mal. Mais ce fut riche de rencontres et de découvertes.

Invitation eau voyage

Depuis que l'idée a germé, un temps certain s'est écoulé. Eh oui, déjà deux ans que le projet de départ ne me quitte pas. Enfin presque. Certes, il a pris le temps de revêtir toutes les formes possibles et imaginables. Pourtant, quand il a émergé de mon esprit embrouillé, je me suis imaginé que c'était l'idée du siècle. Que personne auparavant n'avait pu concevoir quelque chose d'approchant. Modeste que je suis…
Dès que je me suis penché sur la question pour préciser l'étincelle de départ, je me suis rendu compte qu'à peu près tout avait déjà été envisagé et accompli, le plus souvent, superbement. Alors, retour au point zéro? Point du tout.
L'objectif n'est pas de concevoir l'exploit, mais de mettre en place un voyage sur le long cours qui remplissait plusieurs fonctions. Dans ce tohu-bohu d'envies multiples, l'idée prévalait d'en restituer du contenu. Voyageant seule, ma façon de partager est d'associer les autres.
L'envie n'est pas seulement de voyager. Même si le voyage m'attire irrésistiblement, je désire le vivre différemment, et donc le construire aussi autrement. C'est ce que je m'efforce de réaliser depuis… quelque temps.